papa

[V nus]

- « Tu ne trouves pas ? » Ai-je lancé en direction de mon père.
- « Ouais » répondit –il sans entrain.
Tandis que j’essayais de me concentrer sur la réponse, de me raccrocher à ce « ouais » que je recevais depuis des mois pour à peu près 50% de mes questions et ce quelle que soit la question – de toutes façon les réponses ne dépassaient jamais trois mots.
Là, assis dans sa chambre d’hôpital, fixant l’écran télé accroché au mur en face de lui, je n’arrivais pas à reconnaître mon père…un filet de morve coulait de son nez sans qu'il sans soucis, il paraissait ne même pas l’avoir remarqué ; je décidais de fixé l’écran télé à mon tour. J’avais toujours cru qu’après son tabagisme extrême et son alcoolisme avancé il serait un jour ou l’autre terrassé par un cancer ou autre maladie de ce genre. Cancer il y eut en effet. Entre autre. Mais toujours il en était revenu, avait tant bien que mal remonté la pente. Et puis un jour vient…autre chose. Je me souviendrai toujours de la date…celle de son anniversaire. La veille ma sœur lui avait appris qu’elle venait de quitter son petit copain – que mon père aimait beaucoup et considérait comme son gendre. Cette nouvelle eut pour effet de provoquer chez lui une tristesse infinie. Par une sorte d’effet de transfert la rupture de ma soeur avec ce jeune homme lui rappela celle qui avait eu avec la mère de celle-ci quelques trois ans auparavant et dont il ne s’était jamais vraiment remis.

Ce jours là donc, nous devions tous nous retrouver au retaurant (sauf ce pauvre Vincent); mon père n’étant pas là au rendez-vous et ne répondant pas au téléphone, je me suis rendu chez lui. La voiture était dans le garage et vu le bled où il habitait et l’amour de mon père pour la marche à pied je savais bien qu’il était là. Avant de descendre de voiture, je me suis fais un rail de coke ; je suis ensuite descendu j’ai taper à la porte, sans réponse, puis retéléphoné : rien…Je suis retourné dans la voiture me faire un autre rail…quelque chose ne tournait pas rond, quelque chose allait se passer je le sentais. Je suis retourné sonner une autre fois…une voix étouffée me répondit…après quelques longues minutes d’une conversation sans queue ni tête à travers la porte du pavillon de mon géniteur je décidais de l’enfoncer. De l’autre côté, allongé le dos sur le carrelage, en caleçon et chaussettes, baignant dans son urine, il essaya de terminer de m’expliquer le comment du pourquoi il se retrouvait dans cet état. « Tombé entre les deux lits jumeaux cette nuit…me suis traîné jusqu’ici, peut plus bouger…jambe gauche paralysée…au fait tu sais que ta sœur à quitté Vincent ?... ». La suite de cette journée d’anniversaire fut du même acabit.

Né dépressif et assisté, alcoolique de profession – sans que cela n’est jamais affecté son comportement envers les autres – mon père avait toujours eu besoin des autres ; de leurs regards, de leur amour. Je sentais couler dans mes veine, depuis toujours et avant même d’avoir vraiment connu mon père (pour une raison bien difficile à expliquer j’avais décidé de ne plus le voir ; ça a duré de l’âge de 7 ans à 18 ans - oui c’est toujours dur de revenir de ce genre de décision), ce même poison à effet paralysant. Allais-je me retrouver un jour comme lui, tel un autiste ? Cette maladie dont aucun médecin ne savait lui donner de nom et qui pourtant paralysait tout le côté gauche de son corps ainsi qu’aurait-on dit de son cerveau. Il laissait la vie s’échapper de lui comme cette morve au bout de son nez.
- « T’as vu le match de Paris cette semaine ? » demandais-je au poste de télévision ; (Quand on ne savait pas quoi se dire avec mon père, depuis toujours, on lançait le sujet du foot).
Et sur le silence de sa réponse, je suis sortie de mes pensées comme je serais sortie de cette chambre. Même si j’avais cette même fragilité, ce même mal latent en moi, je me jurais de ne jamais me laisser rattraper de la sorte. Et même si je n’avais pas eu le courage d’entrer dans cette chambre, et malgré tout: je l’aimais.
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[Litost]

Un texte magnifique, V Nus, très touchant... Toujours aussi sombre, riche de mille détails qui se fondent dans un ensemble harmonieux et poignant. Merci de nous l'avoir fait partagé!

Pté j'écoute une musique bien triste en même temps, me v'là avec le moral dans les chaussettes maintenant
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I hear the silence preaching my blame.

[Solman]

Rien d'autre à ajouter avec ce qu'a dit Litost... sauf que je l'ai écouter sans musique triste donc je m'en sors à meilleur compte
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[Zatman]

C'est chaud, mon vieux, je tremble... , je te jure un truc de ouf.
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zatman

[Khri]

vnus tu veux ma mort mon coco??
C tres beau c tres noir c trop beau c trop noir....
tu m'appelles quand tu veux
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[Mithrandir]

Très bien écrit mais effectivement sombre et presque déroutant...
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Mithrandir, ministre des affaires étrangères

One Ring to rule them all, One Ring to find them,
One Ring to bring them all and in the darkness bind them
In the Land of Mordor where the Shadows lie.

The Lord of The Rings

[La Fraipe]

Mon ressenti n'est pas exprimable en mot...
Je pense bien fort à toi.
Courage.
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La Fraipe
Et lentement l'Humanité s'est tue, l'Humanité s'est tuée

Merci @Shamanix

[Zigzou]

très touchant...
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[V nus]

ps: Toute ressemblance avec des personnages existant ou ayant existé ne serait que pur coïncidence (honte à moi je me souviens plus de la phrase exacte :p). Ahhh...le language à la première personne...lol

Merci pour vos commentaires
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[the beautiful angel]

Le don de savoir coucher les mots les uns à la suite des autres, pour vous raconter une émotion, un état d'esprit, un sentiment, une sensation, c'est presque plus touchant que la réalité.

Bravo à toi, tu as un talent, qui ne demande qu'à être travaillé et exploité....
avec le temps, comme un enfant, un épanouissement.. de la douleur certe... mais aussi la reconnaissance...

Je suis touchée....

Je t'aime mon coeur....
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Carpe diem

[V nus]

[Scrat]

toujours vraiment très noir, bien que cette fois ci se soit dans un style plus direct, mais toujours aussi beau...

et voila, j'étais heureux, maintenant je suis triste
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